Dans la lignée des cinq coachs emprisonnés depuis la publication des enquêtes de pédocriminalité dans le sport gabonais, deux nouveaux noms s’ajoutent à la liste des suspects : coach Ivan et coach Morinho, deux formateurs connus à Port-Gentil.
Si l’actualité s’est pour le moment déroulée à Libreville, les cas d’abus sexuels sur mineurs concernent également d’autres villes du Gabon, notamment Port-Gentil. « Ce n’est pas différent de la capitale », souffle un ancien joueur qui a quitté le pays. « Pour être dans l’équipe, on recevait des propositions sexuelles. Pareil dans les clubs. Le système est le même qu’à Libreville. »
Parmi les personnes soupçonnées, deux noms ressortent : Lionel Guimambou, dit coach Morinho, et coach Ivan, qui s’est occupé de la sélection régionale. « Il était avec un autre entraîneur, mais c’est Ivan qui faisait les propositions », glisse un joueur ayant reçu des avances. « Il me draguait. J’avais 15 ans, pas plus. Il voulait déjà m’attirer à POG (Port-Gentil Football Club) où il coachait les jeunes. Quand il a eu les responsabilités en sélection régionale, il a accentué les avances. Il me disait de le rejoindre chez lui si je voulais poursuivre dans le football. » Trois autres jeunes ont reconnu avoir reçu des propositions de coach Ivan, qui a même demandé à un joueur de 14 ans de le pénétrer.

Un match de jeunes à Port-Gentil
Bander les yeux des enfants pour les sucer
Lionel Guimambou, alias coach Morinho, a également occupé plusieurs fonctions chez les jeunes à Port-Gentil. « On s’est toujours demandé comment un jeune coach qui s’occupait d’une équipe de quartier a pu passer dans un des meilleurs clubs de la ville », se questionne un joueur. « Surtout qu’il n’avait suivi aucune formation, rien. »
« J’ai eu les yeux bandés et on me faisait une fellation. Sauf que j’ai senti quelque chose de bizarre. J’ai levé le bandeau, et j’ai vu Morinho avec une perruque en train de me sucer le sexe. J’ai pris peur. Je me suis immédiatement retiré, et je suis parti. »
Sans diplôme, Morinho a obtenu un poste au Sporting Club, la nouvelle appellation de l’école nationale de Port-Gentil, mais aussi à l’Olympique de Mandji. « Ce monsieur est un monstre », témoigne un de ses anciens joueurs. « J’ai eu des rapports non consentis avec lui. Il m’avait demandé premièrement d’avoir des relations avec une prostituée. Je ne comprenais pas, mais il a insisté et insisté. C’était une condition visiblement pour avancer, pour que je devienne un homme. J’ai accepté. Je l’ai fait deux fois. La troisième, il m’a dit qu’il faudrait me bander les yeux. J’ai eu les yeux bandés et on me faisait une fellation. Sauf que j’ai senti quelque chose de bizarre. J’ai levé le bandeau, et j’ai vu Morinho avec une perruque en train de me sucer le sexe. J’ai pris peur. Je me suis immédiatement retiré, et je suis parti. »

Port-Gentil est un des viviers importants du football gabonais
D’autres noms impliqués à Port-Gentil
Résidant dans le quartier Salsa (dans le quatrième arrondissement), Morinho est un habitué du genre selon le témoignage de cinq autres jeunes. « Il essaye avec des petits au foot, mais aussi des gamins du voisinage », déplore l’un d’entre eux. « Il cherche à gagner ta confiance avec une prostituée, comme si cela allait te faire devenir un homme, pour mieux t’abuser ensuite. »
Selon l’ensemble des joueurs ayant accepté de parler pour cette enquête, d’autres personnalités du football à Port-Gentil sont impliquées dans des attouchements sur mineurs, notamment à l’époque de l’école nationale de football. Un dossier prouvant bien que le problème ne se limite pas à la capitale…
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